Le GroupeExercice 2015-2016
Retour sur l’exercice 2015-2016
Un modèle résilient, pour s’inscrire dans la durée
L’exercice 2015-2016 se termine dans un climat bien maussade, comment vivez-vous cette crise ?
Jérôme Calleau : Je me suis installé en agriculture voilà maintenant un peu plus de 30 ans mais je ne me souviens pas avoir déjà connu une période aussi compliquée.
Lait, viande bovine, céréales, lapins… 2016 sera une année à marquer au fer rouge avec la particularité d’un contexte critique sur presque toutes les productions. Et vient s’ajouter sur cet été 2016, l’impact de récoltes très décevantes. C’est une situation qui interpelle l’agriculteur et le dirigeant de la coopérative que je suis.
S’agissant de la coopérative, une telle situation vous incite-t-elle à modifier votre stratégie ?
Jérôme Calleau : Elle ne fait au contraire que nous conforter dans notre stratégie.
Cette stratégie, elle s’ar ticule autour de 4 points essentiels :
• Apporter des solutions novatrices aux agriculteurs par une approche globale qui réponde à la diversité des exploitations agricoles du territoire
• Construire des filières durables, différenciatrices, créatrices de valeur pour les agriculteurs et nos clients
• Répondre aux attentes des consommateurs : garantir des produits de qualité et investir dans de nouveaux modes de consommation (circuits-courts, e-commerce, bio, commerce équitable)
• Innover dans la croissance verte en valorisant les coproduits de l’agriculture
Nous estimons à plus de 10 millions d’euros par an, les plus-values nettes qui reviennent aux agriculteurs engagés à nos côtés.
Jérôme Calleau Président du Conseil d’administration
Et si nous reprenons ces axes stratégiques plus en détail, en commençant par l’accès à la différenciation…
Jérôme Calleau : On perçoit bien dans le contexte actuel, l’atout majeur que constitue l’accès à des filières différençiantes pour prendre un peu de distance par rapport au mass- market soumis aux turbulences internationales. L’apport de telles filières permet à l’agriculteur de diversifier ses productions et de capter une valeur ajoutée. Évidemment nous ne possédons pas la baguette magique permettant de corriger les turbulences des marchés ; évidemment les cultures proposées sont souvent contingentées et ne sont pas éligibles partout. Mais avec près de 65 % de la collecte de céréales et oléagineux en filières et quelque 13 500 hectares de productions végétales spécialisées (semences, légumes, chanvre…) le groupe Cavac contribue à renforcer la résilience des exploitations de ses adhérents. Et c’est la même chose avec les filières qualité contractualisées en productions animales. Par rapport à des productions standards et en raisonnant « net d’éventuels surcoûts inhérents à certaines filières & productions », nous estimons en effet à plus de 10 millions d’euros par an, les plus-values nettes qui reviennent aux agriculteurs engagés à nos côtés : 4,3 M€ en céréales, 4,1 M€ à travers les productions de semences et de légumes, 0,5 M€ via Bovineo, 0,6 M€ via le groupement porcs, 0,6 M€ via la CPLB, 0,2 M€ via l’OP ovine…
Un autre axe stratégique est l’écoute du consommateur et l’implication du groupe sur de nouveaux modes de production et de consommation. pourquoi ce choix ?
Jacques Bourgeais : Les attentes sociétales évoluent. Le consommateur est de plus en plus sensible aux produits de proximité et aux allégations santé (le Bio en tête). On ne peut pas l’ignorer.
La coopérative étant déjà très impliquée dans les filières amont Bio (production de céréales, de porcs, d’œufs…), l’opportunité nous a été donnée de prendre successivement le contrôle des sociétés Bioporc puis Biofournil. Nous n’entendons pas faire du Bio notre seul levier de croissance mais la consommation sur ce segment de marché évolue indéniablement de façon soutenue et sans faire obstacle aux autres modes de production, Cavac y renforce ses positions.
Pourquoi s’investir dans la croissance verte et la valorisation des coproduits ?
Jacques Bourgeais : Nous restons là sur le même registre consistant à rechercher des leviers de croissance en périphérie de nos métiers de base.
L’activité de fabrication de biomatériaux « Biofib’ » affiche une belle croissance. La valorisation des écarts de triage de céréales vers la nutrition animale et vers la biomasse énergie, est également un axe de développement du groupe. La résilience du groupe Cavac tient à la fois à la diversité de ses activités agricoles et tout autant, à l’heure où bon nombre des filières agricoles sont en crise, à la capacité de disposer d’autres leviers de croissance. Évidemment ces croissances ne sont porteuses de sens que si elles apportent une profitabilité au groupe et donc indirectement à ses sociétaires. Et c’est le cas.
La résilience du groupe Cavac tient à la fois à la diversité de ses activités agricoles et tout autant, à l’heure où bon nombre des filières agricoles sont en crise, à la capacité de disposer d’autres leviers de croissance.
Jacques Bourgeais Directeur général
Que dire des résultats de cavac au 30 juin 2016 ?
Jacques Bourgeais : L’exercice 2015-2016 a bénéficié d’une bonne récolte céréalière. Ce qui ne sera vraiment pas le cas, de l’exercice à venir 2016-2017.
Cependant et au regard du contexte général des marchés, le résultat de la coopérative et du groupe (4,9 millions de résultat consolidé) décroche d’un peu plus d’un million d’euros par rapport à l’exercice antérieur. La capacité d’autofinancement reste voisine des 20 millions d’euros.
Les difficultés des agriculteurs se sont matérialisées de deux façons dans les comptes : les retards de paiement qui ont obligé à constituer des provisions complémentaires au niveau de la coopérative à hauteur d’un million d’euros. Et puis des mesures d’accompagnement exceptionnelles sous la forme notamment d’une prime de fidélité « Synergie Conjoncture » supérieure au million d’euros.
Être « fourmi » les bonnes années plutôt que « cigale » pour se doter de marges de manœuvre financières
Jérôme Calleau Président du Conseil d’administration
En conclusion, quels messages souhaiteriez- vous délivrer en tant que président de cavac ?
Jérôme Calleau : À l’heure où l’imprévisibilité des marchés a rarement été aussi forte et vient s’ajouter aux aléas météo, tous les maillons des filières agricoles, du producteur au transformateur, sont contraints de devoir gagner en flexibilité.
Il n’y a d’ailleurs pas de modèle idéal, paré de toutes les vertus ; l’agriculture restera plurielle ; et heureusement. Mais il y a un trait commun aux exploitations qui seront là demain : la capacité à dégager un EBE par UTH satisfaisant en année normale (ce qui renvoie beaucoup aux performances techniques) et la capacité à être « fourmi » les bonnes années plutôt que « cigale » pour se doter de marges de manœuvre financières. Et ce qui vaut pour les exploitations doit valoir tout autant pour la coopérative : recherche de filières à valeur ajoutée pour ses sociétaires, récurrence des performances économiques, diversifications ciblées pour se doter de leviers de croissance, recherche permanente d’économies… Tout cela pour conforter encore la bonne résilience de notre modèle.