Le GroupeExercice 2012-2013
Retour sur l’exercice 2012-2013
Des prix et des quantités en céréales comme cela ne s’était jamais produit. La récolte 2012 a eu quelque chose de vraiment exceptionnel.
Jérôme Calleau : Oui c’est exceptionnel. La collecte de céréales a augmenté de 30 % en comparaison de l’année 2011, pourtant réputée être une année normale. De plus, les cours payés aux agriculteurs ont atteint des niveaux records sur la campagne 2012-2013. C’est donc une bonne année pour bon nombre d’exploitations car les cultures de vente sont présentes sur la plupart d’entre elles, y compris sur les exploitations d’élevage. Mais la brutalité des hausses des céréales conjuguée à celles des protéines importées (soja) a mis à mal tout un pan de l’économie agricole et agroalimentaire comme ce fut le cas en 2007-2008. Parmi les plus exposées, les exploitations sans surface de céréales et dans le secteur agroalimentaire, les abattoirs, le secteur de la meunerie ; toutes les filières fortement impactées par le renchérissement des prix de revient et qui ont souvent été dans l’impossibilité de répercuter l’intégralité des hausses auprès de leurs clients, notamment la Grande Distribution.
2012-2013 restera une période noire pour l’élevage.
Jérôme Calleau : Une année très compliquée en effet compte tenu de cette envolée des prix de l’aliment consommé par les animaux ; mais une année contrastée selon les filières.
En lait de chèvre, l’effet de ciseaux a été terrible entre des prix du lait dégradés et des prix d’aliment en forte hausse.
En lait de vache, année également compliquée compte tenu de ces hausses de charges. En porc, les cours sont restés beaucoup trop bas.
En volailles, une année vraiment terrible pour les abattoirs et les organisations de producteurs. Aux incertitudes de la filière grand export, s’est rajoutée une forte pression sur les prix de vente en poulets standard, dindes et canards. Les abattoirs et les organisations de producteurs (dont celles du périmètre Atlanvol chez Cavac) ont dû courber l’échine et encaisser les pertes.
En viande bovine en revanche, l’effet déficit de disponibilités en animaux a permis aux cours de se maintenir à des niveaux intéressants et cela devrait pouvoir durer. Si la situation du maillon abattage n’en est rendue que plus compliquée, la situation de l’élevage « bovins viande » s’est améliorée.
La filière lapins enfin qui s’est beaucoup restructurée a également pu préserver l’essentiel de sa rentabilité.
Dans ce contexte général, la coopérative a-t-elle tiré son épingle du jeu au niveau économique ?
Jacques Bourgeais : L’exercice a été bon grâce au très bon comportement des productions végétales dans leur ensemble. Ainsi sur le plan économique, le groupe dégage un résultat net consolidé de 5,6 millions d’euros avec une capacité d’autofinancement en progression passant de 16 à 18 millions d’euros. Une performance d’autant plus satisfaisante que le niveau de rémunération des apports végétaux a été historiquement élevé ; d’autant plus satisfaisante également que le résultat général des filières animales, et notamment de la filière volaille, a été inévitablement dégradé et que la conjoncture morose du secteur bâtiment a freiné le développement de notre activité biomatériaux. La filière jardineries, en dépit d’un contexte météo exceptionnellement pluvieux, n’a vu son chiffre d’affaires baisser que de 1,8 % avec une rentabilité satisfaisante. Le bilan de cet exercice montre à nouveau à quel point la diversité des métiers sur lesquels le groupe est positionné, constitue un indéniable atout et apporte une forte résilience à son modèle économique.
En matière d’investissements et d’initiatives nouvelles, quelles sont les principales nouveautés en interne ?
Jacques Bourgeais : Les investissements les plus importants ont concerné le stockage des céréales. Le nouveau silo de 48 000 tonnes sur Sainte-Gemme-la- Plaine a été inauguré fin juin. Des capacités additionnelles pour 22 500 tonnes sont programmées sur cet exercice 2013-2014. La station semences et légumes a également fait l’objet de travaux afin d’accompagner l’excellente dynamique de ces filières : à la fois les productions de semences dont la demande va croissante et les légumes secs, boostés par une très bonne évolution commerciale. L’exercice écoulé a également été marqué par la reprise de deux négociants vendéens, Vendée Grains et Poupin, qui sont venus renforcer la structure négoce du groupe : VSN. Au chapitre des nouveautés et pour n’en citer qu’une, je retiendrai la filière Agri-éthique, lancée ces derniers mois, qui démarre à l’initiative de Cavac avec le blé meunier et qui engage les différents maillons de la filière (producteurs, coopérative, meuniers, industriels et artisans boulangers), avec au-delà des exigences environnementales, l’originalité d’un prix stable fixé sur 3 ans. Une façon de faire un pied de nez aux soubresauts des marchés.
Le premier semestre 2013 aura été surtout très riche d’évènements au plan politique puisque le groupe a su fédérer d’autres acteurs coopératifs autour de lui.
Jérôme Calleau : C’était une volonté politique affichée de longue date par le Conseil d’administration que de chercher à regrouper les forces de notre territoire – ô combien dynamique – pour accompagner l’évolution générale du monde agricole. Ce n’est jamais simple et il est parfois des moments plus favorables que d’autres pour y parvenir. L’année 2013 marque de ce point de vue, un pas très important pour le groupe puisque Bovineo vient de naître du rapprochement du groupement bovins GPVBCavac et de Geo (La Ferrière – 85). Avec près de 130 000 bovins mis en marché, Bovineo se positionne comme un acteur majeur du secteur. En lapins, le rapprochement de CPLB (Réaumur – 85) et du Groupement des producteurs de lapins Cavac (GPL), représentera environ 30 % de la production nationale de lapins. Dans un tout autre registre, la coopérative CAHBV, spécialisée en plants de pommes de terre et basée aux Epesses (85), a souhaité s’adosser au groupe Cavac. Ces différents mouvements nous engagent. Ils sont indéniablement porteurs d’avenir. Ils traduisent également la confiance que notre proche environnement peut avoir dans nos hommes et notre stratégie et en cela, ils sont porteurs de reconnaissance. Dans tous les cas, il s’agit bien de préserver les spécificités et l’expertise de chacun des métiers, d’oeuvrer pour améliorer les performances au service des adhérents. Parmi les leviers, celui de la mutualisation de compétences du groupe vers ses différentes activités, à la façon d’une fédération de PME. Le groupe réaffirme aussi grâce à ces opérations, son ouverture et son objectif de répondre (via la diversité des filières et des offres commerciales) aux attentes très diverses des agriculteurs du territoire.
Quels sont les principaux enjeux de ces prochains mois ?
Jérôme Calleau : En interne, il s’agit avant tout de consolider ces différentes opérations de croissance pour que sociétaires et salariés y trouvent pleine satisfaction. Il s’agit également de rechercher les leviers de nature à accélérer notre croissance sur nos métiers nouveaux, de diversification et encore en devenir que sont la filière Biofib’ ou bien la société de vente en ligne Terre de Viande. Sur le plan des filières, celles de la volaille et du porc restent certainement les plus préoccupantes et qui offrent le moins de visibilité : baisse de compétitivité de la filière française, grand export volailles compromis par la suppression des restitutions, acteurs économiques gravement fragilisés… Nous vivons un tournant. Mais globalement je reste optimiste. Les fondamentaux en matière de besoins alimentaires n’ont pas changé et sont encourageants. La réforme imminente de la politique agricole commune va à nouveau faire bouger les lignes mais le monde agricole a toujours su s’adapter. Et la clé de la réussite d’une entreprise coopérative ou non, est justement de pouvoir anticiper ces évolutions pour mieux s’y adapter et ne pas subir. C’est bien dans cet esprit que le groupe Cavac continue de creuser son sillon.