Exercice 2023-2024
À l’heure des revendications…
Par Jérôme Calleau, Président
À l’heure où j’écris ces lignes, le salon de l’agriculture démarre sous haute tension et il m’est difficile de prédire comment les évènements vont évoluer. Les crises ont de tous temps jalonné le secteur agricole, mais elles ont plus souvent concerné une filière précise, que d’exprimer un ras-le-bol aussi général. Et parce que cette crise est multifactorielle, les solutions ne sont pas évidentes et les frustrations pourraient être grandes.
Deux grands sujets dominent les revendications exprimées : l’excès de réglementation d’une part ; l’enjeu de la sécurisation des revenus agricoles d’autre part. Et signe de complexité, certains agriculteurs revendiquent davantage de réglementation pour sécuriser les revenus tout en pointant du doigt l’interventionnisme excessif de l’État… Autant dire que ce n’est pas simple. Oui c’est vrai, l’excès de réglementation nous étouffe et révèle un vrai manque de réalisme (interdits en santé végétale sans alternatives ; maintien des objectifs du Bio, etc.). Il y a là de vraies inflexions à donner !
L’objectif louable de EGAlim, de sécuriser le revenu des agriculteurs, suscite des attentes difficiles à mettre en œuvre, car on ne pourra pas administrativement faire monter les prix agricoles, si aucun maillon des filières n’était en mesure de supporter le surcoût, y compris le consommateur en bout de chaîne. Et on sait combien il est compliqué de contractualiser jusqu’au dernier maillon (a fortiori en période de tension du pouvoir d’achat). Dans un marché mondialisé, l’achat des matières premières en fonction de leur prix de revient relève donc d’une ambition certes louable, mais qui malheureusement ne se décrète pas.
Dans ce domaine notre coopérative n’est pas en reste avec les contrats Agri-Éthique, ou spécifiques aux productions animales. Pas certain pour autant qu’une énième loi EGAlim change la donne, sauf à imposer des prix au consommateur, y compris sur des produits élaborés… Ce qui semble complexe à imposer !
À l’échelle des pouvoirs publics, il faut davantage creuser le sillon permettant à notre agriculture et à notre agroalimentaire de gagner en productivité et donc en compétitivité, si l’on veut vraiment voir notre agriculture repartir du bon pied.
Retrouvez cet édito et l'actualité de mars 2024 dans le Cavac Infos 577.