Pôle AnimalExercice 2021-2022
Une nouvelle crise à traverser dans un contexte économique perturbé
Dégradation de la rentabilité
La hausse du coût alimentaire au cours de l’exercice 2021-2022 n’a pas pu être répercutée sur le marché de la viande de porc et les éleveurs ont dû s’adapter tout en répondant à l’évolution de la règlementation sur le bien-être animal et la biosécurité.
L’année a été marquée par une forte dégradation de la rentabilité en élevage. En amont de la filière, le prix de l’aliment a augmenté de 140 €/T au cours de l’exercice, conséquence du Covid sur le transport maritime mondial et de la guerre en Ukraine. En aval de la filière, le commerce de la viande de porc à l’export a connu des évolutions importantes compte tenu du développement de la fièvre porcine africaine (FPA) en Europe et de la baisse de la demande chinoise. La fermeture du marché chinois aux exportations allemandes à cause de la FPA a touché tous les pays européens exportateurs. Malgré cette baisse de production européenne l’offre de porcs a été supérieure à la demande. D’autres marchés ont été développés notamment à destination de la Corée du sud et des Philippines sans réussir à compenser la réduction depuis un an de 30 % des exportations à destination de la Chine.
Conserver la souveraineté alimentaire
Avec une consommation de viande de porc en France toujours en décroissance, le prix au marché du porc breton (MPB) a chuté de 1,50 €/kg à 1,25 €/kg au cours du second semestre 2021. Le prix remonte au mois de mars 2022 avec la réduction de l’offre européenne par rapport à la demande. Il s’établit à 1,81 €/kg (MPB) fin juin 2022, mais ce niveau est insuffisant au regard du coût de production. Ce contexte a conduit les pouvoirs publics à mettre en place une aide financière spécifique aux éleveurs de porcs qui a été complétée par un plan d’aide destiné à l’ensemble des productions animales impactées. Ces dispositifs de l’État montrent l’importance de maintenir l’activité de nombreux éleveurs pour garantir la souveraineté alimentaire face à cette crise inédite.
Une règlementation croissante vis-à-vis du bien-être animal
Depuis le 1er janvier 2022, une nouvelle règlementation est entrée en vigueur interdisant la castration à vif des porcelets. La profession a œuvré auprès des pouvoirs publics pour définir une méthode d’anesthésie locale soutenable économiquement et techniquement. Le groupement Porcineo a accompagné les adhérents dans la mise en œuvre de cette nouvelle pratique et s’est impliqué dans la négociation pour la prise en charge du surcoût. Ce travail a été mené au sein de l’AOP Porc Grand Ouest dont l’objectif est d’obtenir une grille commune de paiement des porcs mâles castrés, mâles immunocastrés et mâles entiers.
Vigilance accrue face à la fièvre porcine africaine (FPA)
Le groupement a maintenu les actions destinées à améliorer la biosécurité des élevages. 67 panneaux de circulation sanitaire personnalisés ont été réalisés. Tous les nouveaux adhérents ont suivi la formation biosécurité organisée chaque année avec l’équipe vétérinaire de Cavac, puis, l’ensemble des élevages du groupement ont été audités sur leur plan de biosécurité. Le groupement a également renforcé la biosécurité dans le transport, en sous-traitant le lavage-désinfection du camion dédié aux porcelets et reproducteurs avec un prestataire spécialisé.
Bio et filières qualité sous tension
Les productions sous signes de qualité ont également subi l’inflation du coût des matières premières. L’indexation du prix du porc sur le prix de l’aliment a conduit à des hausses jusqu’au consommateur et diminué la demande notamment pour le Bio et le Label Rouge.
La filière bio a été plus fortement touchée avec une baisse de la consommation de 15 % dans tous les circuits de distribution. Le groupement a dû organiser début 2022 une baisse de production pour être en adéquation avec la demande commerciale et une caisse de régulation a été mise en place pour accompagner les éleveurs plus fortement impactés.
En Label Rouge Opale, malgré une consommation en baisse, le groupement a maintenu son volume de production profitant d’une réduction de l’offre dans les autres groupements partenaires. En Label Rouge Porc Fermier de Vendée, la demande est restée stable, l’objectif étant d’améliorer l’équilibre carcasse pour pérenniser la production actuelle. Enfin, la démarche « Le Porc Français » a bien résisté à la crise, et la montée en gamme du cahier des charges sera effective courant 2023. Cette valorisation de l’origine et des spécificités de l’élevage français par rapport aux autres productions européennes est essentielle pour répondre aux attentes sociétales.