2023 ou la marque de bien belles récoltes !

Regards croisés avec Jérôme Calleau, président et Jacques Bourgeais, directeur général

Quel regard portez-vous sur l’année écoulée?

Jérôme Calleau – Dans un contexte géopolitique et économique tendu, sachons au moins positiver au plan agricole sur des bonnes récoltes 2023, d’une manière générale. Si l’on ajoute à cela, le retour au calme sur le plan de l’Influenza aviaire et la bonne tenue des cours en produits animaux (viandes et lait), nous pouvons qualifier l’exercice écoulé de bon exercice. Cela vaut pour les revenus agricoles comme pour les résultats de la coopérative. La seule ombre au tableau a été la hausse des charges, souvent difficile à contenir : forte inflation de l’énergie, taux d’intérêts à des niveaux que nous avions presque oubliés, masse salariale en progression partout. Pour autant le groupe Cavac s’en est plutôt bien sorti.

Alors justement que dire des résultats de notre groupe sur l’exercice 2023-24 ?

Jacques Bourgeais – L’exploitation générale a été très satisfaisante. Les récoltes ont permis de dégager une meilleure rentabilité en productions végétales, que ce soit en céréales, semences ou légumes. En productions animales, la performance est au rendez-vous malgré la crise aviaire. Les métiers de l’agroalimentaire ont moins souffert de la flambée des prix constatée lors du précédent exercice. Pour autant le Bio accuse le coup, avec une consommation en berne. L’activité biomatériaux (Biofib’) a, quant à elle, bien performé. Et l’activité jardineries a maintenu une dynamique correcte avec une rentabilité cependant amoindrie à cause de la hausse des charges. L’exercice 2024-2025 se présente comme beaucoup plus difficile face à une récolte d’été 2024 très handicapée par les conditions météorologiques anormalement pluvieuses vécues depuis octobre 2023. Afin d’apporter un soutien aux agriculteurs confrontés à des situations de rendements souvent inédites, il a été décidé par le Conseil d’Administration de dégager environ 4 millions d’euros d’aides, d’ores et déjà intégrées dans les comptes au 30 juin 2024. Ainsi le résultat net consolidé au 30 juin 2024 ressort au final à 8,7 millions d’euros pour une capacité d’autofinancement stable de 31 millions d’euros.

Dans quel état d’esprit abordez-vous l’avenir ?

Jérôme Calleau – C’est vrai qu’un vent de pessimisme parcourt actuellement les campagnes. Et cela d’autant plus que ces récoltes d’été 2024 désastreuses en quantité ne profitent même pas aux prix de vente. Les cours restent en effet très bas face à une récolte mondiale record. Mais n’oublions pas trop vite 2023 ! Les bonnes récoltes reviendront. En productions animales, les acteurs agroalimentaires s’inquiètent de la baisse tendancielle des cheptels liée notamment à la baisse de la consommation. Mais les cours restent rémunérateurs. L’élevage conserve un avenir certain pour les agriculteurs qui sauront persévérer. Pour ce qui est plus globalement de l’avenir de l’agriculture française, je suis à la fois optimiste et attentiste ! Optimiste, car l’agriculture est et restera un levier pour répondre aux enjeux climatiques et alimentaires de notre pays. Attentiste, car nous traversons une période de très grandes incertitudes politiques en France. Notre compétitivité ne doit pas être davantage mise à mal par une réglementation sans-cesse plus contraignante.

La politique de construction de filières différenciatrices et apporteuses de valeur ajoutée pour les agriculteurs du territoire, reste un axe fort du groupe

Cavac a été précurseur dans le développement de contrats filières. Est-ce que cela est toujours de nature à sécuriser ?

Jérôme Calleau – La politique de construction de filières différenciatrices et apporteuses de valeur ajoutée pour les agriculteurs du territoire, reste un axe fort du groupe. Notre message aux sociétaires reste le même : savoir ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier. Et c’est indéniablement un élément de sécurisation. Les engagements contractuels de type Agri-Éthique ont également toute leur place, face aux incertitudes des marchés.

Quels développements majeurs ont jalonné l’exercice 2023-24 ?

Jacques Bourgeais – La nouvelle usine de fabrication d’isolants biosourcés inaugurée le 20 septembre à Sainte- Hermine (85) représente le plus gros investissement de l’exercice écoulé. L’exercice aura été par ailleurs marqué par le rachat du négoce agricole Cosset, un site céréales renforcé à Saint-Paul-en-Pareds, le rachat de 8 fonds de commerce de jardineries, la reprise de 100 % du capital d’Olvac (conserverie légumes secs). Et puis bien sûr les fusions avec les coopératives Val de Sèvre et Cevap.

Au travers de l’agriculture régénérative, Cavac entend accompagner les exploitations dans leur transition agricole…

Jérôme Calleau – En effet Cavac entend renforcer encore l’accompagnement agronomique de ses agriculteurs sociétaires pour répondre aux enjeux environnementaux et sociétaux. Nous le faisons en douceur et sans dégrader les résultats économiques des exploitations. Nous promotionnons l’agriculture de précision et régénérative. Des formations vont continuer à être dispensées en vue de tirer vers le haut les compétences agronomiques des agriculteurs et de nos équipes. C’est aussi cela préparer demain.

Préparer demain, c’est aussi savoir anticiper les transitions managériales…

Jacques Bourgeais – Oui après plus de 18 années passées à la Direction Générale du groupe, je passe la main cette fin 2024 à Olivier Joreau, mon adjoint. Et d’autres changements vont intervenir milieu 2025. Des changements sans bouleversement qui privilégient les promotions internes et qui permettront, j’en suis certain, au groupe Cavac de continuer à jouer son rôle avec ambition, professionnalisme et performance.